Évocation n° 03 - L'élastique sous tension
Objets sur socle blanc, texte encadré - 2016
Objets sur socle blanc, texte encadré - 2016
Texte de la proposition :
L'élastique sous tension
Quel est l'avenir de la proposition ?
Selon le temps d'exposition de cette proposition, la probabilité que l'élastique se rompe dépend de la durée de sa mise sous tension. Je n'ai aucune idée de ce que peut endurer l'objet et donc la proposition. Cela dépend par ailleurs de plusieurs facteurs : force de la tension, qualité de l'élastique, qualité et précision de l'arrondi des clous en contact avec l'élastique, durée d'exposition, porosité de l'élastique, température ambiante de l'espace d'exposition...
Dans l'hypothèse que l'élastique « lâche » : l'artiste a t-il demandé au commissaire, aux surveillants ou à un membre du personnel de l'établissement de le remplacer ? Ou peut-être, contrairement, préfère t-il dans ce cas, et à partir de cet accident, mettre en lumière et exposer les restes, ce qui résulte de cette proposition. De nouveau, dans cette nouvelle hypothèse, et si l'élastique rompu a terminé sa course au sol suite à son « envol » provoqué par la tension de l'ensemble, cet élastique doit-il être replacé sur le socle, à proximité des deux clous, ou est-il demandé qu'il demeure à son point de chute, au sol ? Dans ce cas, il faudra prendre soin de prévenir le personnel chargé de l'entretien de l'espace en général, et du nettoyage du sol en particulier, de bien prendre soin de contourner l'élastique cassé, afin de ne pas anéantir la proposition. On lit souvent les anecdotes sur ces artistes qui utilisent et exposent de la poussière, ou autres matières ou matériaux peu « nobles » dans leurs propositions, et qui constatent l'anéantissement de leurs propos, perdus la veille au soir dans les méandres des tubes d'aspirateurs et autres moyens techniques de l'équipe d’entretien. Dans les deux cas, la proposition me rappelle la fameuse salade d'Anselmo, accrochée à son socle de granit, et s'asséchant au fil de son exposition.
La proposition m'évoque le jeu de l' « élastique » auquel jouaient les petites filles dans la cour de récréation de l'école quand j'étais enfant. Deux premières enfants se tenaient face à face, les jambes un peu écartées, l'élastique opérant le même circuit que celui de la proposition, à la hauteur de leurs chevilles dans un premier temps. Une troisième enfant procédait alors à la pratique d'une discipline très établie et définie, basée sur une succession d’enchaînements de sauts en rapport à ces deux longueurs tendues, et sur un rythme compté, ou plutôt chanté à voix haute, partant de « un ». Au fil de la « performance », les « figures » se compliquaient, les enchaînements se complexifiaient, l'élastique se voyait enroulé autour des jambes de cette « joueuse », remontait au niveau des mollets, puis des genoux des deux autres filles « piliers » pourrait-on dire. Les difficultés s’enchaînaient donc, jusqu'à l'erreur technique, jusqu'au saut maladroit, jusqu'à la combinaison manquée... La « joueuse », la « sauteuse » prenait alors, suite à cet échec, la place d'une des deux autres, et le rituel reprenait, recommençant par un saut « simple » et unique que toutes les trois relançaient à haute voix : « un ! »... A proximité, je me souviens d'une marelle. Dans cette représentation du jeu de l' « élastique », il manquerait un clou, celui figurant la troisième fillette, la « joueuse ». Dans l'état de la proposition, on peut considérer que cette fillette s'est absentée, mais un temps court seulement, sinon, on peut supposer que les deux autres ne resteraient pas ainsi, figées comme des poteaux.
Il est notable que cet élastique ainsi tendu me ramène au domaine de l'enfance ? Bien sûr, en y réfléchissant, il m'évoque l'outil, le moyen que j'utilise pour tenir mes rouleaux de dessins, nombre considérable et croissant de croquis et études de nus, soigneusement roulés et entreposés sous mon lit. Je pense aussi à ces cours aux Beaux-Arts sur les tensions et compressions, lors desquels nous tâchions de mettre en place, de structurer un pont de bois par l'utilisation d'élastiques. Mais ici, la considération de la proposition, par la tension de l’élastique entre ces deux clous, me renvoie l'image de ma fille qui découvre la résonance de l'objet, plus ou moins tendu entre deux de mes doigts. Au fil de ces jeux avec l'élastique, ses gestes se sont « émancipés » dirons-nous. Contenus, appliqués, hésitants dans un premier temps, comme tous premiers gestes face à un objet nouveau, face à une découverte, ils sont très vite devenus « joueurs », « testeurs » voire « intrépides » par la suite. Aujourd'hui, l'élastique claque fort, à l'image de son rire. Plus tard, elle apprendra à bien positionner l'objet sur son index, bien ajuster son axe de portée, bien exercer la tension de son autre main , et bien viser la nuque ou le mollet de sa victime... Une première étape avant le stylo Bic / Sarbacane à papier mâché.
L'élastique sous tension
Quel est l'avenir de la proposition ?
Selon le temps d'exposition de cette proposition, la probabilité que l'élastique se rompe dépend de la durée de sa mise sous tension. Je n'ai aucune idée de ce que peut endurer l'objet et donc la proposition. Cela dépend par ailleurs de plusieurs facteurs : force de la tension, qualité de l'élastique, qualité et précision de l'arrondi des clous en contact avec l'élastique, durée d'exposition, porosité de l'élastique, température ambiante de l'espace d'exposition...
Dans l'hypothèse que l'élastique « lâche » : l'artiste a t-il demandé au commissaire, aux surveillants ou à un membre du personnel de l'établissement de le remplacer ? Ou peut-être, contrairement, préfère t-il dans ce cas, et à partir de cet accident, mettre en lumière et exposer les restes, ce qui résulte de cette proposition. De nouveau, dans cette nouvelle hypothèse, et si l'élastique rompu a terminé sa course au sol suite à son « envol » provoqué par la tension de l'ensemble, cet élastique doit-il être replacé sur le socle, à proximité des deux clous, ou est-il demandé qu'il demeure à son point de chute, au sol ? Dans ce cas, il faudra prendre soin de prévenir le personnel chargé de l'entretien de l'espace en général, et du nettoyage du sol en particulier, de bien prendre soin de contourner l'élastique cassé, afin de ne pas anéantir la proposition. On lit souvent les anecdotes sur ces artistes qui utilisent et exposent de la poussière, ou autres matières ou matériaux peu « nobles » dans leurs propositions, et qui constatent l'anéantissement de leurs propos, perdus la veille au soir dans les méandres des tubes d'aspirateurs et autres moyens techniques de l'équipe d’entretien. Dans les deux cas, la proposition me rappelle la fameuse salade d'Anselmo, accrochée à son socle de granit, et s'asséchant au fil de son exposition.
La proposition m'évoque le jeu de l' « élastique » auquel jouaient les petites filles dans la cour de récréation de l'école quand j'étais enfant. Deux premières enfants se tenaient face à face, les jambes un peu écartées, l'élastique opérant le même circuit que celui de la proposition, à la hauteur de leurs chevilles dans un premier temps. Une troisième enfant procédait alors à la pratique d'une discipline très établie et définie, basée sur une succession d’enchaînements de sauts en rapport à ces deux longueurs tendues, et sur un rythme compté, ou plutôt chanté à voix haute, partant de « un ». Au fil de la « performance », les « figures » se compliquaient, les enchaînements se complexifiaient, l'élastique se voyait enroulé autour des jambes de cette « joueuse », remontait au niveau des mollets, puis des genoux des deux autres filles « piliers » pourrait-on dire. Les difficultés s’enchaînaient donc, jusqu'à l'erreur technique, jusqu'au saut maladroit, jusqu'à la combinaison manquée... La « joueuse », la « sauteuse » prenait alors, suite à cet échec, la place d'une des deux autres, et le rituel reprenait, recommençant par un saut « simple » et unique que toutes les trois relançaient à haute voix : « un ! »... A proximité, je me souviens d'une marelle. Dans cette représentation du jeu de l' « élastique », il manquerait un clou, celui figurant la troisième fillette, la « joueuse ». Dans l'état de la proposition, on peut considérer que cette fillette s'est absentée, mais un temps court seulement, sinon, on peut supposer que les deux autres ne resteraient pas ainsi, figées comme des poteaux.
Il est notable que cet élastique ainsi tendu me ramène au domaine de l'enfance ? Bien sûr, en y réfléchissant, il m'évoque l'outil, le moyen que j'utilise pour tenir mes rouleaux de dessins, nombre considérable et croissant de croquis et études de nus, soigneusement roulés et entreposés sous mon lit. Je pense aussi à ces cours aux Beaux-Arts sur les tensions et compressions, lors desquels nous tâchions de mettre en place, de structurer un pont de bois par l'utilisation d'élastiques. Mais ici, la considération de la proposition, par la tension de l’élastique entre ces deux clous, me renvoie l'image de ma fille qui découvre la résonance de l'objet, plus ou moins tendu entre deux de mes doigts. Au fil de ces jeux avec l'élastique, ses gestes se sont « émancipés » dirons-nous. Contenus, appliqués, hésitants dans un premier temps, comme tous premiers gestes face à un objet nouveau, face à une découverte, ils sont très vite devenus « joueurs », « testeurs » voire « intrépides » par la suite. Aujourd'hui, l'élastique claque fort, à l'image de son rire. Plus tard, elle apprendra à bien positionner l'objet sur son index, bien ajuster son axe de portée, bien exercer la tension de son autre main , et bien viser la nuque ou le mollet de sa victime... Une première étape avant le stylo Bic / Sarbacane à papier mâché.