Évocation n° 02 - L'anneau
Objet sur socle blanc, texte encadré - 2016
Objet sur socle blanc, texte encadré - 2016
Texte de la proposition :
L'anneau
La proposition donne à considérer un objet sur un socle blanc. L'objet est un objet que je ne connais pas. Il est le résultat du travail d'un matériau unique, sûrement pressé, façonné sous presse. Je pense qu'il s'agit d'un objet que l'on dit « manufacturé », il sort d'usine, ou plutôt, il est sorti d'usine, il y a longtemps : il est désormais très vieux et rouillé.
L'objet est une sorte d' anneau en acier rouillé. Sa forme est crantée et présente quatre « créneaux ». Il s'agit d'un élément qui devait s'ajuster, s'imbriquer dans un autre lors de son utilisation, peut-être la base d'une structure qui s'élevait verticalement. Peut-être le socle contient-il les autres parties ajustables à l' objet, et qui viennent le « compléter » au fil de l'exposition, faisant de cette proposition, une œuvre évolutive. On serait alors dans les premiers jours de l'exposition. L'objet est positionné avec soin sur le socle. Il est bien centré, le même écart est conservé entre ses bords, et ceux du socle. Il « figure » autant l'aboutissement de ce socle, qu'un objet « posé sur un socle ». On pourrait le penser fixé, essentiel à cet ensemble qu'il compose avec le socle. L'anneau donnerait alors au socle une nouvelle nature, une nouvelle fonction ; s'imbriquer avec un nouvel élément, peut-être un second socle : deux premiers modules d'un ensemble beaucoup plus développé.
Une inscription reste lisible sur l'objet. On peut déchiffrer « Manufacture française d'armes et cycles de saint Etienne – Marque déposée » . Je n'avais aucune idée de la nature de cet objet, et ces nouvelles données ne m'avancent pas beaucoup plus. L'anneau, m'évoque des temps anciens, des temps de guerre. Sa matière est aujourd'hui, et à mes yeux, proche de celle des vieux obus que l'on découvre lors de chantiers, et dont on entend parler à la radio. Les mots « Armes », « St Etienne », la rouille et l'époque que m'évoque l'état de l'objet, me renvoient l'image des femmes pendant la guerre, occupées à produire des outils et des munitions pour le front. J'imagine des usines de la ville de St Etienne, remplies de femmes, affairées sur des presses et autres machines propres au travail à la chaîne. « Armes et cycles »... Peut-être une usine de vélos, de motocyclettes, cyclomoteurs, tricycles et autres « cycles », de l'époque. Les cycles au service des armées, comme le furent les taxis de la Marne. Une usine de vélos, mais reconvertie dans une production plus utile à l'effort de guerre peut-être... « Armes et cycles de St Etienne »...
L'objet et le socle sont très opposés. Le socle est vide, rectangle à angles droits, debout sur une certaine hauteur, blanc, propre et présente un minimum d'aspérités. Contrairement, l'anneau est plein, lourd, circulaire, plat et sans hauteur, vieux, rouillé, et très chargé d'histoire : il évoque un passé, un vécu étranger à l' « immaculé » du socle. L'opposition entre le vide et le creux ou le plein et le lourd nous permet de considérer l'objet comme un poids : il compresse le socle au sol, comme un presse papier sur le bureau d'un suspect soupçonné par un lieutenant de série américaine des années 70 (je pense à Colombo). La forme circulaire de l'anneau et l'évocation du « Saint » me font penser à une auréole. On est loin de l'auréole immatérielle et lumineuse des images pieuses du catéchisme, puisque par ses inscriptions, elle se réfère au domaine de la guerre, et puisque par son poids, elle s'oppose aussi à l' « aérien ». Il ne s'agit donc pas d'une auréole classique, plutôt d'un mélange entre un auréole et une épée de Damoclès, une sorte de « mémento » : l'image, le symbole d'une certaine paix, mais dans lequel se grave et se contient le poids d'un passé coupable... une auréole rouillée... l'auréole, la marque circulaire qui reste après qu'une tâche ait été nettoyée...« Souviens-toi... la guerre, les armes, garde ça en tête, ce « poids » sur ta conscience... ». L’Écriture s'atténue mais reste déchiffrable. Le « cycles » pose problème : « Souviens-toi des vélos ! »... A moins qu'il ne faille y saisir l'idée de « périodes », de « recommencements » et comprendre alors la nature de ce « mémento ». Que dire encore de ce « St Etienne » ? St Etienne c'est, je crois, les « verts » au football, les matchs, le mondial, la compétition, l'affrontement national pour qu'en même dire qu' « on a gagné » , tout en évitant la guerre... Peut-être St Etienne est-il le St Patron des blessés ou des messagers de guerre...
La rouille fait de l'objet un vestige d'une époque, une relique, et son exposition nous rapproche plus des musées d'histoire et d'archéologie que des musées d'art contemporain. On pourrait imaginer les trouvailles d'une fouille, avec à ses côtés, à proximité, des obus rouillés, des morceaux de fusils, des médailles, des mines, un harmonica... Je pense aux musées historiques, au musée de « la Grande Guerre » de Meaux. Ça avait « canardé » sec sur Meaux et ses alentours pendant 14/18. Il y a, dans ses environs, des petits patelins, dont les églises et les murs des fermes présentent encore des impacts de balles, des vestiges de la guerre. Il y a aussi des monuments isolés dans ces campagnes, à l'orée d'un champ ou d'une forêt. Je connais l'histoire de l'un d'eux, dédié à un jeune soldat mort en effectuant une marche de retour pour alerter le reste de son groupe de la présence ennemie. Je crois que ce sont ses parents qui ont élevé ce monument modeste mais présent, visible d'une petite route départementale.
L'anneau
La proposition donne à considérer un objet sur un socle blanc. L'objet est un objet que je ne connais pas. Il est le résultat du travail d'un matériau unique, sûrement pressé, façonné sous presse. Je pense qu'il s'agit d'un objet que l'on dit « manufacturé », il sort d'usine, ou plutôt, il est sorti d'usine, il y a longtemps : il est désormais très vieux et rouillé.
L'objet est une sorte d' anneau en acier rouillé. Sa forme est crantée et présente quatre « créneaux ». Il s'agit d'un élément qui devait s'ajuster, s'imbriquer dans un autre lors de son utilisation, peut-être la base d'une structure qui s'élevait verticalement. Peut-être le socle contient-il les autres parties ajustables à l' objet, et qui viennent le « compléter » au fil de l'exposition, faisant de cette proposition, une œuvre évolutive. On serait alors dans les premiers jours de l'exposition. L'objet est positionné avec soin sur le socle. Il est bien centré, le même écart est conservé entre ses bords, et ceux du socle. Il « figure » autant l'aboutissement de ce socle, qu'un objet « posé sur un socle ». On pourrait le penser fixé, essentiel à cet ensemble qu'il compose avec le socle. L'anneau donnerait alors au socle une nouvelle nature, une nouvelle fonction ; s'imbriquer avec un nouvel élément, peut-être un second socle : deux premiers modules d'un ensemble beaucoup plus développé.
Une inscription reste lisible sur l'objet. On peut déchiffrer « Manufacture française d'armes et cycles de saint Etienne – Marque déposée » . Je n'avais aucune idée de la nature de cet objet, et ces nouvelles données ne m'avancent pas beaucoup plus. L'anneau, m'évoque des temps anciens, des temps de guerre. Sa matière est aujourd'hui, et à mes yeux, proche de celle des vieux obus que l'on découvre lors de chantiers, et dont on entend parler à la radio. Les mots « Armes », « St Etienne », la rouille et l'époque que m'évoque l'état de l'objet, me renvoient l'image des femmes pendant la guerre, occupées à produire des outils et des munitions pour le front. J'imagine des usines de la ville de St Etienne, remplies de femmes, affairées sur des presses et autres machines propres au travail à la chaîne. « Armes et cycles »... Peut-être une usine de vélos, de motocyclettes, cyclomoteurs, tricycles et autres « cycles », de l'époque. Les cycles au service des armées, comme le furent les taxis de la Marne. Une usine de vélos, mais reconvertie dans une production plus utile à l'effort de guerre peut-être... « Armes et cycles de St Etienne »...
L'objet et le socle sont très opposés. Le socle est vide, rectangle à angles droits, debout sur une certaine hauteur, blanc, propre et présente un minimum d'aspérités. Contrairement, l'anneau est plein, lourd, circulaire, plat et sans hauteur, vieux, rouillé, et très chargé d'histoire : il évoque un passé, un vécu étranger à l' « immaculé » du socle. L'opposition entre le vide et le creux ou le plein et le lourd nous permet de considérer l'objet comme un poids : il compresse le socle au sol, comme un presse papier sur le bureau d'un suspect soupçonné par un lieutenant de série américaine des années 70 (je pense à Colombo). La forme circulaire de l'anneau et l'évocation du « Saint » me font penser à une auréole. On est loin de l'auréole immatérielle et lumineuse des images pieuses du catéchisme, puisque par ses inscriptions, elle se réfère au domaine de la guerre, et puisque par son poids, elle s'oppose aussi à l' « aérien ». Il ne s'agit donc pas d'une auréole classique, plutôt d'un mélange entre un auréole et une épée de Damoclès, une sorte de « mémento » : l'image, le symbole d'une certaine paix, mais dans lequel se grave et se contient le poids d'un passé coupable... une auréole rouillée... l'auréole, la marque circulaire qui reste après qu'une tâche ait été nettoyée...« Souviens-toi... la guerre, les armes, garde ça en tête, ce « poids » sur ta conscience... ». L’Écriture s'atténue mais reste déchiffrable. Le « cycles » pose problème : « Souviens-toi des vélos ! »... A moins qu'il ne faille y saisir l'idée de « périodes », de « recommencements » et comprendre alors la nature de ce « mémento ». Que dire encore de ce « St Etienne » ? St Etienne c'est, je crois, les « verts » au football, les matchs, le mondial, la compétition, l'affrontement national pour qu'en même dire qu' « on a gagné » , tout en évitant la guerre... Peut-être St Etienne est-il le St Patron des blessés ou des messagers de guerre...
La rouille fait de l'objet un vestige d'une époque, une relique, et son exposition nous rapproche plus des musées d'histoire et d'archéologie que des musées d'art contemporain. On pourrait imaginer les trouvailles d'une fouille, avec à ses côtés, à proximité, des obus rouillés, des morceaux de fusils, des médailles, des mines, un harmonica... Je pense aux musées historiques, au musée de « la Grande Guerre » de Meaux. Ça avait « canardé » sec sur Meaux et ses alentours pendant 14/18. Il y a, dans ses environs, des petits patelins, dont les églises et les murs des fermes présentent encore des impacts de balles, des vestiges de la guerre. Il y a aussi des monuments isolés dans ces campagnes, à l'orée d'un champ ou d'une forêt. Je connais l'histoire de l'un d'eux, dédié à un jeune soldat mort en effectuant une marche de retour pour alerter le reste de son groupe de la présence ennemie. Je crois que ce sont ses parents qui ont élevé ce monument modeste mais présent, visible d'une petite route départementale.