Suprême & isthmes
Générale en manufacture (Sèvres) / Juin 2009
Commissariat : Thomas Klimowski & Michaël Jourdet
Exposants : Rodolphe DELAUNAY, Vicky FISCHER, Isabelle GIOVACCHINI, Michael JOURDET, Thomas KLIMOWSKI, Delphine RENAULT
Suprême & Isthmes, 2 termes comme un seul et même mot, un néologisme. Suprême comme une référence évidente au suprématisme, un au-delà de la représentation. Les isthmes pour ces bandes de terres qui relient des continents. Cette exposition initiée sur une idée commune de Michael Jourdet et Thomas Klimowski, artistes jouant ici le rôle de commissaire, propose un dialogue entre les pièces récentes de 6 jeunes artistes. Ces artistes ont en commun un processus créatif conceptuel. Leurs pratiques proposent une conceptualisation de la chose géographique pour certains et/ou une réappropriation de l’histoire du monochrome pour d’autres. Entre retrait de toute forme figurative et volonté de présenter un territoire plastique proche, ces 6 artistes présenteront des oeuvres telles des isthmes. Chaque oeuvre se situant ainsi entre plusieurs champs artistiques sans pour autant en être à l’écart. Entre minimalisme, conceptualisme, monochromatisme et théorie du paysage… Pour Rodolphe Delaunay, il s’agit d’étudier jusqu’à « l’absurde » le paysage et ses dérivés, les cartes notamment, pour en tirer des pièces conceptuelles faussement scientifiques, au contraire de Delphine Renault qui voit dans la théorie du paysage un moyen de réinterpréter la « veduta » de façon contemporaine et schématique. Cette même question du paysage qui chez Thomas Klimowski sert à réinvestir le champ du Monochrome. Le mouvement inverse s’opère chez Michael Jourdet, son utilisation presque systématique du monochrome pose la question d’un territoire plastique et physique personnel. Isabelle Giovacchini s’inscrit dans cette même suite où l’aspect conceptuel de ses pièces ne saurait cacher une mise en forme proche de la cartographie. Cette cartographie érigée en territoire personnel prend la forme d’un réseau pour Vicky Fischer qui tente de catégoriser jusqu’à l’épuisement les signes qu’elle répète à l’envie avec un vocabulaire emprunté au monde de l’entreprise.
Générale en manufacture (Sèvres) / Juin 2009
Commissariat : Thomas Klimowski & Michaël Jourdet
Exposants : Rodolphe DELAUNAY, Vicky FISCHER, Isabelle GIOVACCHINI, Michael JOURDET, Thomas KLIMOWSKI, Delphine RENAULT
Suprême & Isthmes, 2 termes comme un seul et même mot, un néologisme. Suprême comme une référence évidente au suprématisme, un au-delà de la représentation. Les isthmes pour ces bandes de terres qui relient des continents. Cette exposition initiée sur une idée commune de Michael Jourdet et Thomas Klimowski, artistes jouant ici le rôle de commissaire, propose un dialogue entre les pièces récentes de 6 jeunes artistes. Ces artistes ont en commun un processus créatif conceptuel. Leurs pratiques proposent une conceptualisation de la chose géographique pour certains et/ou une réappropriation de l’histoire du monochrome pour d’autres. Entre retrait de toute forme figurative et volonté de présenter un territoire plastique proche, ces 6 artistes présenteront des oeuvres telles des isthmes. Chaque oeuvre se situant ainsi entre plusieurs champs artistiques sans pour autant en être à l’écart. Entre minimalisme, conceptualisme, monochromatisme et théorie du paysage… Pour Rodolphe Delaunay, il s’agit d’étudier jusqu’à « l’absurde » le paysage et ses dérivés, les cartes notamment, pour en tirer des pièces conceptuelles faussement scientifiques, au contraire de Delphine Renault qui voit dans la théorie du paysage un moyen de réinterpréter la « veduta » de façon contemporaine et schématique. Cette même question du paysage qui chez Thomas Klimowski sert à réinvestir le champ du Monochrome. Le mouvement inverse s’opère chez Michael Jourdet, son utilisation presque systématique du monochrome pose la question d’un territoire plastique et physique personnel. Isabelle Giovacchini s’inscrit dans cette même suite où l’aspect conceptuel de ses pièces ne saurait cacher une mise en forme proche de la cartographie. Cette cartographie érigée en territoire personnel prend la forme d’un réseau pour Vicky Fischer qui tente de catégoriser jusqu’à l’épuisement les signes qu’elle répète à l’envie avec un vocabulaire emprunté au monde de l’entreprise.
Certes il faut passer le pont, mais par ces belles journées ensoleillées, c’est un plaisir. Aller jusqu’à la Générale à Sèvres est toujours un peu une expédition. J’y ai vu hier une exposition un peu disparate, au titre calembourdesque, Suprême & Isthmes (jusqu’au 6 juin seulement, j’écris vite), regroupant six artistes sous le vague lien du suprématisme et de la géographie. Deux découvertes intéressantes, Isabelle Giovacchini et Michaël Jourdet.
Jourdet se dit hanté par Malevitch, qu’il copie, dérive et détourne avec un humour parfois grinçant, tirant tantôt vers Alphonse Allais, tantôt vers duchamp, ainsi un «monochrome inédit», toile peinte dans l’obscurité et enfermée dans un caisson en bois, que nul n’a vue, ni l’artiste, ni le spectateur. On pense à bruit secret ; d’autres ont joué sur cette invisibilité avec la pellicule photographique, l’image qui se détruit quand on la regarde (comme les fresques du tombeau d’un pharaon, détruites dans les heures qui suivirent leur découverte) : qu’adviendra-t-il si on ouvre ce caisson ? Au mur,Michaël Jourdet a disposé une série de petits tableaux noirs rectangulaires, selon un ordre mystérieux. Mais si l’oeil nu ne voit rien, c’est à travers le viseur de l’appareil photo que ‘l’œil habillé’ découvre une femme nue agenouillée devant un objet; je l’imagine japonaise, geisha préparant le thé (Nu féminin). Qui sait ? Ce n’est plus que l’empreinte d’un corps, que sa quintessence, sa déclinaison en standards basiques; je pense à Julian Opie, par exemple, dont les stripteaseuses décomposées en formes essentielles sont pour moi d’un érotisme absolu, car rien n’y distrait plus de l’acte même, la forme s’ y est dissoute. On est loin du suprématisme dans l’esprit, sinon dans la forme, en tout cas c’en est une joyeuse revisite".
http://lunettesrouges.blog.lemonde.fr - 03 juin 2009, Laisser des traces
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