Reconnaissant le monochrome comme le dernier tableau, Michaël Jourdet pose la question: comment être un peintre novateur et contemporain malgré tout ? Dans son œuvre "Ca déconsidère l’art moderne!", il pose ses principes fondamentaux : le paradoxe entre le fond et la forme (retranscription incompréhensible d’incompréhensions), la confrontation entre une facture élitiste et une réalité quotidienne (citations de visiteurs ingénus face à des œuvres conceptuelles), et la fixation de contraintes et d’énoncés volontaires (mise en place d’un alphabet selon des règles préposées et systématiques). Décodant et recodant avec obsession et rigueur nos moyens de communication, Michaël Jourdet pourrait définir sa production comme une "incohérence cohérente". A l' instar de Bertrand Lavier, il s' attache à réunir l' art majeur et l' art mineur, (...)l' intellectualisme et le populaire: ainsi "...voguez à ma suite..." retranscrit en langage morse le Suprématisme de Malévitch, MK2 devient un sponsor des monochromes de l' artiste, et PPDA exprime la tautologie de l' être télévisuel dans "les titres de l' actualité"... Défendant la peinture comme un objet social en soi, Michaël Jourdet se refuse à toute représentation figurative et s'efforce de garder une esthétique neutre et mécanique, dans la lignée de la peinture proposée par Claude Rutault. Assumant entièrement la sobriété de ses productions, il se réfère à des théoriciens comme Yves Michaud pour questionner la place des désirs d' esthétique, de mode et de tendance dans notre culture contemporaine.
Anne-Sophie Bérard, / Directrice artistique à la Gaïté Lyrique
Extrait du catalogue de l’exposition Dix-7 en zéro-7, des diplômés de l’ENSBA avec les félicitations du Jury, juin 2008.
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