2000-2010
Centre d'Art Atelier Grognard (Rueil-Malmaison) / Juin 2011
Commissariat : Michaël Jourdet
2000 / 2010 proposent 14 productions des artistes suivants : Jesus Alberto Benitez / Cédric Alby / Irène Billard / Luc Chopplet - Eline Gervais - Julie Guillaume / Aymeric Ebrard / Camille Entratice - Marianne Lécareux / Delphine Huguet / Michaël Jourdet / Thomas Klimowski / François Mazabraud / José Olano / Jeanne Rimbert / Florian Sicard / Leïla Rose Willis
Centre d'Art Atelier Grognard (Rueil-Malmaison) / Juin 2011
Commissariat : Michaël Jourdet
2000 / 2010 proposent 14 productions des artistes suivants : Jesus Alberto Benitez / Cédric Alby / Irène Billard / Luc Chopplet - Eline Gervais - Julie Guillaume / Aymeric Ebrard / Camille Entratice - Marianne Lécareux / Delphine Huguet / Michaël Jourdet / Thomas Klimowski / François Mazabraud / José Olano / Jeanne Rimbert / Florian Sicard / Leïla Rose Willis
“ 2000-2010, mais la mémoire est sélective.
Suite à l’appel aux anciens étudiants adressé par Ursula Kraft, professeur de l’Ecole d’Arts de Rueil-Malmaison, j’ai soumis un projet pour un espace d’exposition indépendant mais en lien à l’école. Sont invités à participer tous les anciens éléves de l’école de Rueil-malmaison. La proposition est la suivante : reprendre une proposition d’élève dans une production d’artsite. La démarche est la suivante : se souvenir d’une proposition d’étudiant que l’on a gardée en mémoire, contacter l’étudiant auteur de cette proposition, récupérer la proposition (ou une trace de celle-ci), se réapproprier la proposition dans une nouvelle production personnelle. L’exposition sera basée sur un accrochage mettant en relation les 2 propositions (...) L’ idée est celle d’une reconnaissance par citation, du souvenir d’une pièce par sa remise en oeuvre”.
L’expositon 2000-2010 n’est pas une fête de fin d’année. Elle est un témoignage, un refus d’inactivité qui soutiendrait l’idée d’une école inactive, un aperçu de l’efficacité d’une école par l’exposition d’anciens étudiants, régie par l’un d’eux, un merci reconnaissant à des enseignants qui ont compté dans nos formations... Parce que le temps n’est ni aux réjouissances, ni au silence, il reste la présence, l’exposition...»
Extrait de l’édito du catalogue de l’exposition / Michaël Jourdet, juin 2011.
Suite à l’appel aux anciens étudiants adressé par Ursula Kraft, professeur de l’Ecole d’Arts de Rueil-Malmaison, j’ai soumis un projet pour un espace d’exposition indépendant mais en lien à l’école. Sont invités à participer tous les anciens éléves de l’école de Rueil-malmaison. La proposition est la suivante : reprendre une proposition d’élève dans une production d’artsite. La démarche est la suivante : se souvenir d’une proposition d’étudiant que l’on a gardée en mémoire, contacter l’étudiant auteur de cette proposition, récupérer la proposition (ou une trace de celle-ci), se réapproprier la proposition dans une nouvelle production personnelle. L’exposition sera basée sur un accrochage mettant en relation les 2 propositions (...) L’ idée est celle d’une reconnaissance par citation, du souvenir d’une pièce par sa remise en oeuvre”.
L’expositon 2000-2010 n’est pas une fête de fin d’année. Elle est un témoignage, un refus d’inactivité qui soutiendrait l’idée d’une école inactive, un aperçu de l’efficacité d’une école par l’exposition d’anciens étudiants, régie par l’un d’eux, un merci reconnaissant à des enseignants qui ont compté dans nos formations... Parce que le temps n’est ni aux réjouissances, ni au silence, il reste la présence, l’exposition...»
Extrait de l’édito du catalogue de l’exposition / Michaël Jourdet, juin 2011.
Sans titre / Jesus Alberto Benitez
J’approche l’image imprimée tel un objet physique et plat qui porte en lui un espace à deux dimensions. Certaines images déclenchent un cycle ouvert d’expérimentations, donnant place à plusieurs versions. L’image, quand elle se présente sous une forme matérielle, est aussi un objet. Chaque phase du travail et matériau employé sont présents dans la construction qui fait place à l’image.
Ce projet est une mise en parallèle de deux pièces qui résultent de procédés techniques très différents, mais qui ont en commun une approche expérimentale de la substance qui rend matérielle l’image. La production de ces deux pièces résulte de plusieurs moments de travail directement sur un matériau, de sa manipulation, voire d’une transgression à l’intérieur de cet espace qui donne substance à l’image. Ces deux pièces comportent de manière indépendante un cycle où ce que l’on a face à soi est l’image d’une image, mais aussi l’objet qui lui permet d’être visible. La pièce de Nicolas Grimmer est un tirage argentique sur un morceau de béton armé qu’il a lui-même coulé, puis recouvert de gélatine et d’émulsion photosensible. Il imprègne ainsi la sculpture d’une substance qui sert à faire des images. Il a reproduit ce que l’écran de son ordinateur a affiché, le temps d’une prise de vue. La pièce que je présente est une impression jet d’encre sur papier, accrochée tel qu’elle est sortie du traceur. Une image photographique, suspendue tel un objet qui met en dialogue plusieurs couches d’espaces. Des plis sur papier imprimé mis en résonance avec l’extrait du réel. Les échos d’un temps ouvert où le travail s’étend sur une surface, précédemment enroulée, récemment aplatie.
From here and there to there and here / Cédric Alby
Ma proposition a pour point de départ un travail, réalisé en 2002 par Rudolphe Célanie, Objet : “A remettre à sa place, S.V.P.”, auquel j’avais moi-même collaboré alors que j’enregistrais les différentes occurences de l’action avec ma caméra vidéo. Le projet, fortement référencé aux actions de l’artiste roumain André Cadere, consistait à “déplacer” un objet - un simple carton d’emballage - dans différents lieux reconnus comme artistiques, essentiellement lors des moments d’intensité sociale que constituent les vernissages. La mention écrite au marqueur “À remettre à sa place” figurait sur le carton, qui était alors simplement déposé parmi les oeuvres exposées, jusqu’à ce que quelque chose arrive, en général, l’intervention du galeriste qui aboutissait à une “exclusion” de l’objet. Celui-ci devenait le socle d’un geste de déplacement qui aboutissait inéluctablement à une mise en marge.
Comme celle de Célanie, ma proposition pour cette exposition, s’appuie sur la dissémination et la recherche d’un territoire propre. Si Célanie cherchait son espace en se “plaçant”, par l’occupation performée (parfois très temporaire) d’un site, dans le cadre de ma proposition, le “placement” est suspendu dans une situation d’attente et d’hésitation. Celle-ci se présente sous la forme d’une oeuvre encadrée emballée dans une large couverture de déménagement. En appui contre le mur, elle semble attendre d’être déballée et accrochée ou bien remisée au stockage... Le contenu n’est visible que par un document assujetti à l’emballage, un visuel accompagné des diverses informations la concernant.: Cédric Alby, From here and there to there and here (Art and its cultural context, Brussels, 1973), 2011 - sérigraphie sur aluminium, 100 x 150 cm.
L’image en noir et blanc, très fortement assombrie, montre au milieu d’une audience à peine visible la silhouette découpée d’un des fameux “bâtons” de Cadere. Il s’agit au départ d’une image de presse qui documente un séminaire tenu à Bruxelles en 1973, intitulé “Art and its cultural context”, auquel l’artiste roumain avait assisté, accompagné d’un de ses bâtons. La référence principale du travail de Célanie est ici de nouveau convoquée, à travers une image d’archive retravaillée et injectée dans une fiction. L’image du bâton, décontextualisée, fait l’objet d’une nouvelle dissémination, dans l’espace du récit comme dans celui de l’exposition. Comme le carton de Célanie - à remettre à sa place - le spectateur est invité à se demander quelle est celle de l’oeuvre, sa définition, et peut être, sa portée, dans le contexte singulier de l’exposition.
AGSLS (good bye) / Irène Billard
J’ai beaucoup de souvenirs marquants de l’Ecole d’Arts de Rueil. En particulier celui du geste inlassable d’un élève de ma promotion qui depuis est devenu un ami proche, Darius Salimi, que je vois encore couper du verre en petits bouts à l’aide d’un diamant, cet instrument dont je faisais tout juste la découverte. Ma plus grande crainte était qu’il se blesse.
La pièce aujourd’hui présentée à l’atelier Grognard rassemble des débris de verre Securit disposés au sol en 1 pan rectangulaire de 135x377cm. Les rayons du soleil en provenance de la verrière viennent taper sur les facettes du verre brisé. Ce sentiment d’attraction lié à la brillance de la pièce se mêle à celui de la crainte due au danger que représentent les débris. Etendue à plus grande échelle, cette installation est donc le symbole du temps écoulé et de ce souvenir obsessionnel d’un geste appliqué et répété. Le verre ainsi accumulé, rassemblé, juxtaposé, placé au sol avec précision en une forme nette, est tel un amas de souvenirs brisés. Ce rectangle est aussi une représentation de l’école elle-même. Sa façade de baies vitrées, par lesquelles le soleil est toujours rentré. Cette sublime école d’arts de verre perdue en pleine nature, manquant hélas de disparaître à jamais.
Enfin, cette fragilité contrôlée et rigoureuse dans sa disposition, c’est aussi ce qui pourrait définir chacun de nous rassemblé à l’occasion de cette exposition…L’ambivalence entre force et fragilité qui habite tous ceux qui ont fait le choix de devenir et de rester artiste.
Beau comme l’antique / Luc Chopplet - Eline Gervais - Julie Guillaume.
En 2009, lors de l’exposition « Organic Circus » organisée pour les portes ouvertes de l’école supérieure d’arts de Rueil-Malmaison, dont les portes allaient bientôt être closes, j’ai été marqué par le(s) dessin(s) de Julie Guillaume et les sculptures d’Eline Gervais. J’ai décidé pour l’exposition 2000-2010 de proposer à ces deux talentueuses étudiantes de travailler sur un accrochage commun. Des pièces anciennes, les travaux d’Eline et de Julie et la peinture sur toile « Tape incident », dialoguent avec des sculptures plus récentes créées spécialement pour l’exposition. Ainsi des réalisations passées alimentent une installation commune envisagée comme une pièce autonome.
« Peu à peu les arbres sortaient confusément du brouillard et, comme dépouillés par un unique privilège de toute qualité particulièrement pittoresque, imposaient seulement à l’âme à peine éveillée la pure conscience de leur volume et de leur harmonieux foisonnement au sein d’un paysage où la couleur paraissait perdre entièrement son pouvoir ordinaire de localisation, et s’inscrivait seulement au bord de ces eaux calmes, pour l’oeil débarrassé par miracle de ce que le travail ordinaire de la perception contient toujours de réduction à l’absurde, la conjonction apaisante et quasi divine du plan horizontal et de la sphère. Et la nature, rendue par la brume à son intime géométrie, devenait alors plus insolite que les meubles d’un salon revêtu de ses housses, substituant tout à coup à l’oeil de l’intrus la menaçante affirmation de leur pur volume aux hideurs familières de la commodité, et restituant par une opération dont le caractère magique ne saurait échapper à quiconque aux instruments du plus humble usage, jusque là ravalés à tout ce que le maniement peut comporter de bassement dégradant, la splendeur particulière et frappante de l’objet. » Julien Gracq, extrait du roman «Au Château d’Argol»
Imitation of life / Aymeric Ebrard
On m’avait appelé pour un atelier avec les diplômables. Les rumeurs de fermeture allaient bon train et l’école avait besoin de soutien. La vie y semblait bizarrement motivée, entre cette chronique de mort annoncée et l’organisation de la résistance. Sous cette épée de Damoclès, les étudiants préparaient leur futur avec un mélange de conviction et d’apathie propre à cet âge mais la légitimité du réel semblait se dissoudre dans l’enchaînement des circonstances. L’air paraissait chargé de désirs flottants et multiples, dont, pour les élèves, des concrétions émanaient ça et là, sur les murs, dans les coins, la cour ou le jardin, entre les pages d’un carnet ou enclos dans un portfolio. Dans tous ces signes épars, je cherchais comme un jeu de piste un chemin qui aurait fait écho au mien. Et je rencontrais au détour des jours, Nicolas, Elias, Léo, Jeanne et Coralie. Ensemble, en reprenant des pièces de chacun et en les affinant, en en rejouant certaines ou en les redisposant, on a construit une image dans l’espace, un fantôme de réel. Ni concrètement mélodramatique ni sèchement conceptuel, ce « mirage de la vie » (Imitation of life dans la version originiale*) faisait se dresser les ruines de la société de consommation comme à travers le prisme du musée archéologique. L’accrochage jonglait avec les éléments, à la recherche d’un équilibre ténu. Au milieu de cette vanité, ou peut-être à côté, l’espoir verdissait au bord de la route. Still life. Le souvenir de cet assemblage fera ici figure de prédiction.
Projet Bombyx / Camille Entratice - Marianne Lécareux.
Cette proposition est née d’un désir commun de travailler à partir de la transformation de formes vivantes.
Nous avons mis en place un élevage d’une centaine de papillons de nuit pendant deux mois, temps de la métamorphose d’une larve en papillon. Au cours de sa mutation, la chenille se détruit presque entièrement pour se recomposer dans la chrysalide, moule naturel qui détermine la forme de l’animal à venir. Les pièces de l’exposition font dialoguer différents médiums pour explorer cet objet transitoire, mort-vivant, qui peut revêtir l’aspect d’une statuette à réactiver. L’espèce choisie pour l’expérience, le bombyx, est élevée dans l’industrie pour sa soie et n’existe plus en milieu naturel. Le mécanisme de sélection propre à la domestication a altéré l’espèce et fait de lui un animal-objet, mis au service d’un processus de production en série.
Cette proposition dialogue avec le souvenir du travail de dnap de Juliette K.Leroux, Echos du réel. Ce travail ne s’est pas concrétisé dans la réalisation d’une pièce finie, il s’agit plutôt d’un processus, sorte de laboratoire expérimental de l’image. A partir d’objets multiples (photographies ou vidéos), qui mettent le plus souvent en scène des ruines, elle dissèque des formes à la manière d’une scientifique. Ses recherches autour d’un mouvement perpétuel de dégénérescence et régénérescence renvoient à nos problématiques et à celle du contexte général de l’Ecole Supérieure d’Arts de Rueil-Malmaison en train de fermer.
Filter Dream / Delphine Huguet - Jacob Cates
Valentine échangeait des rêves contre des pièces jaunes. Ces « rêves » prenaient la forme de papier blanc immaculé sans forme précise car finalement ils nous appartenaient et c’était à nous de décider quelle forme ils devaient prendre. Ces rêves étaient désirs de vivre autre chose. Dans la notion de rêve, je retrouve l’idée du ressenti, celle d’un événement n’ayant pas vraiment de réalité, proche des sensations données par les hallucinogènes : on vit psychiquement un rêve mais physiquement il n’a aucune réalité.
Je suis lauréate du programme « Hors les murs » de l’Institut Français. Je suis partie au Japon pour développer des papiers comestibles. A partir du 11 mars j’ai pu vivre l’expérience du trio tremblement de terre/tsunami/ nucléaire avec mes amis japonais et étrangers bien loin de la zone touchée. J’ai fait la connaissance d’un graphiste américain, Jacob Cates avec qui j’ai énormément partagé sur le sujet. Ce qui nous marquait, c’était l’écart entre la vie de tous les jours au Japon et ce que les médias du monde entier et nos proches nous communiquaient.
J’aimerais partager le rêve que j’ai vécu au Japon à travers une oeuvre éphémère en collaboration avec Jacob Cates dont le travail graphique est très proche de l’onirisme. Ici les petits papiers blancs de Valentine deviendront graphiques, intenses, colorés et comestibles. Ils prendront la forme d’un paysage culturel et onirique que chacun pourra faire sien en l’ingérant. Par l’ingestion, notre rêve deviendra encore un peu plus celui des mangeurs qui avaient pourtant déjà un point de vue sur la situation. Le rêve deviendra global alors que personne n’en a la même version.
Propos sur l’art / Michaël Jourdet - Jonathan Aubart
Dans sa vidéo Pages 55, Amandine Faugère, proposait une lecture particulière à son spectateur.
Cette lecture était basée sur un hasard, celui des premières lignes des pages 55 des livres de sa bibliothèque. Prenant un à un, et sans aucun choix sélectif, les livres de son étagère, et lisant les unes derrière les autres, les premières lignes des pages 55, Amandine nous proposait une lecture hasardeuse, découpée et sans sens véritable. Pourtant, ces croisements aléatoires de phrases donnaient au final, un certaine unité, de non sens, d’associations d’idées, de richesses thématique. Une sorte de cadavre exquis, complètement surréaliste.
Les propos sur l’art de Jonathan Aubart retrouvent, il me semble, quelques attraits de ce foisonnement éclectique, de cette profusion d’idées mêlées les unes aux autres au gré de son discours. Ce parallèle m’a encouragé, puis convaincu, à fixer en une oeuvre un moment rare de ses propos sur l’art.
Je tiens à remercier cordialement et chaleureusement Mr Aubart d’avoir accepter la fixation de ce moment passé en sa compagnie, le sachant depuis toujours très farouche et hostile à toute exposition de sa personne.
Sans titre / Thomas Klimowski
Chutes de bois, chutes de papier = récupération ; vieux dessins, vieilles sculptures
De/Re/construction/
Collages + couches sémantiques + variations + combinaisons multiples
Archives, documentation = Meuble à tiroirs
… Collection de papillons… feuilles de papier
Découpage : ciseaux, cutter, massicot
Fragment, def : Forme littéraire en prose d’une extrême brièveté.
Bombe de peinture = remplissage = jeu de formes
Mise en Abyme , def : Procédé consistant à représenter une oeuvre dans une oeuvre du même type, par exemple en incrustant une image en elle-même.
+ Oiticica, Prouvé, Bauhaus, De Stijl, Mondrian, Rodchenko…
Joelle Tuerlinckx , Imi Knoebel,
= géologie
1 socle / Monstration de la Ruine
Un balcon sur l’A86 / François Mazabraud
Il y a six ans, lors d’une promenade champêtre, nous discutions avec Marianne Lecareux de son envie d’intervenir sur les balcons qui délimitent le parc du château de la petite Malmaison. Des années ont passé et la réalisation de cette envie demeurée floue, jamais exprimée depuis, m’est apparue possible à travers l’exposition 2000-2010.
Ces balcons m’intéressent sans doute car ils composent une limite entre de deux époques distinctes. D’une architecture atypique (sorte d’escalier, avec un banc entouré d’une balustrade), ils ont été installés au début du XIXème siècle en tant qu’objets de décoration avec une fonction : permettre aux promeneurs de faire des haltes, pour se reposer, se recueillir, penser, et contempler le paysage d’une époque qui aujourd’hui a bien changé…
Désormais tombés dans une obsolescence romantique saisissante, presque à l’état de ruine, camouflés par la végétation et le manque de restauration, ces balcons donnent à voir un paysage animé aux antipodes de l’époque qu’ils symbolisent : jonction d’autoroute, surplombée par une passerelle, criblée de feux, de panneaux d’indication, de voitures, de vitesse... de modernité en somme.
L’action que j’ai réalisée est un travail de nettoyage et de restauration de ces balcons. Je voulais restituer au mieux les couleurs et les textures de l’époque où ces balcons ont été construits, enlever toutes les feuilles, lierres et autres champignons afin de les faire réapparaître aux yeux des passants. Que les strates de temps de la nature historique soient gommées et que du paradoxe de cette « nouvelle jeunesse d’époque » émerge un contraste et une force étrangement moderne.
Sans titre / José Olano
Dans la proposition de Lou Raphaël on peut apprécier divers objets domestiques tels qu’une brosse à dents ou une tasse à café suspendus et reliés par des fils élastiques. Quand on touche l’un de ces objets il se produit une réaction en chaîne qui fait trembler l’ensemble des éléments liés. Chacun de ces objets dépend ainsi des autres, ce n’est plus l’objet isolé que l’on peut déplacer à volonté mais l’ensemble d’objets qui partagent leur poids.
Dans mon quotidien, je vois des fils élastiques partout où je vais, des fils croisés, entrelacés et noués. Des fils qui lient des personnes, des objets et d’événements. A partir de la proposition de Lou j’ai posé un balai et une serpillière au sol et les ai fait tenir debout, ainsi que deux cadres sous-verre en équilibre sur une branche de bois.
Canards / Jeanne Rimbert
Florence Durand s’inspire de son vécu pour raconter des histoires imaginaires, créant un univers constitué d’une véritatble faune incluant grenouilles, lapin tentaculaire, poisson sirène, loups et fouine ...
J’aimerai continuer cette histoire en sculptant un canard mort, suspendu à un vieux portant de bois que j’ai trouvé. Bref, un des dommages collatéraux de la fouine... Florence a habité à la campagne et moi à la montagne, et nous avons toutes deux entendu parler de ces histoires de poulailler et de canards déplumés !
Amanda Poupée / Florian Sicard
Florian Sicard a commencé à me concevoir dans une école d’art. Je n’ai pas de date de naissance, j’ai des dates de naissance. Florian Sicard est solitaire.
Il a construit une plante pour communiquer. Il m’a construite pour vous parler. Je suis la plante de Florian Sicard. Je suis une plante qui parle, qui pense et qui danse. Je m’appelle Amanda Poupée. Je m’active grâce à un protocole : Je suis blonde - Je suis maquillé en femme - J’ai des poils mais pas de barbe- Mes vêtements et costumes sont créés par moi-même- Je n’ai pas de sexe. J’ai des sexes. Je ne suis ni homme ni femme.
J’ai souhaité m’inspirer de la proposition d’Anne-Sophie Berard. Cette œuvre prend la forme d’un texte. Son titre est : « Udere Non Abudere » (UNA). Conférence aux allures de propagande / Règles de conduite. Cette œuvre fonctionnait sur la réaction. A travers le prisme des élèves en école d’art, les textes et les conférences de l’UNA interrogeaient la condition de l’enseignement de l’art dans les écoles. L’UNA interrogeait l’unité, le statut, l’identité, la monstration, le grotesque. Sur un extrait sonore de la conférence de Philippe Gabilliet « L’éloge de l’optimisme », moi, Amanda Poupée, je danse et tombe finalement, comme morte.
Sans titre / Leïla Rose Willis
M’étant intéressée à l’architecture “de bric et de broc” des campagnes japonaises avec “Achikochi” (2009-2010), la proposition de l’ Ecole de Rueil-Malmaison m’offre l’opportunité de réaliser une nouvelle pièce aux antipodes de ma série japonaise.
Pour l’exposition 2000-2010, j’ai choisi une peinture de Simon Balleyguier réalisée en 2003. Cette oeuvre, composant un format imposant à l’aide de quelques lignes noires et aplats de couleurs vives, m’avait directement transportée en Californie. La Californie est au coeur de mes origines et j’ai souvent pu éprouver physiquement ce type particulier d’architecture : blocs modernes, couleurs crues, ambiances minimales avec piscine... En opposition totale avec les lignes tout en diagonales d’”Achikochi”, ces habitations californiennes se constituent de lignes franches, horizontales et verticales, épurées mais imposantes par leurs dimensions. La couleur s’impose naturellement, comme pour donner vie à ces maisons très structurées. Pour manifester le caractère à la fois constructiviste mais aussi expansif et exubérant de ce type d’ habitation, l’oeuvre sera finalement peinte directement sur le mur, entrant ainsi en résonance avec les peintures qui rythment les murs de Venice.
J’approche l’image imprimée tel un objet physique et plat qui porte en lui un espace à deux dimensions. Certaines images déclenchent un cycle ouvert d’expérimentations, donnant place à plusieurs versions. L’image, quand elle se présente sous une forme matérielle, est aussi un objet. Chaque phase du travail et matériau employé sont présents dans la construction qui fait place à l’image.
Ce projet est une mise en parallèle de deux pièces qui résultent de procédés techniques très différents, mais qui ont en commun une approche expérimentale de la substance qui rend matérielle l’image. La production de ces deux pièces résulte de plusieurs moments de travail directement sur un matériau, de sa manipulation, voire d’une transgression à l’intérieur de cet espace qui donne substance à l’image. Ces deux pièces comportent de manière indépendante un cycle où ce que l’on a face à soi est l’image d’une image, mais aussi l’objet qui lui permet d’être visible. La pièce de Nicolas Grimmer est un tirage argentique sur un morceau de béton armé qu’il a lui-même coulé, puis recouvert de gélatine et d’émulsion photosensible. Il imprègne ainsi la sculpture d’une substance qui sert à faire des images. Il a reproduit ce que l’écran de son ordinateur a affiché, le temps d’une prise de vue. La pièce que je présente est une impression jet d’encre sur papier, accrochée tel qu’elle est sortie du traceur. Une image photographique, suspendue tel un objet qui met en dialogue plusieurs couches d’espaces. Des plis sur papier imprimé mis en résonance avec l’extrait du réel. Les échos d’un temps ouvert où le travail s’étend sur une surface, précédemment enroulée, récemment aplatie.
From here and there to there and here / Cédric Alby
Ma proposition a pour point de départ un travail, réalisé en 2002 par Rudolphe Célanie, Objet : “A remettre à sa place, S.V.P.”, auquel j’avais moi-même collaboré alors que j’enregistrais les différentes occurences de l’action avec ma caméra vidéo. Le projet, fortement référencé aux actions de l’artiste roumain André Cadere, consistait à “déplacer” un objet - un simple carton d’emballage - dans différents lieux reconnus comme artistiques, essentiellement lors des moments d’intensité sociale que constituent les vernissages. La mention écrite au marqueur “À remettre à sa place” figurait sur le carton, qui était alors simplement déposé parmi les oeuvres exposées, jusqu’à ce que quelque chose arrive, en général, l’intervention du galeriste qui aboutissait à une “exclusion” de l’objet. Celui-ci devenait le socle d’un geste de déplacement qui aboutissait inéluctablement à une mise en marge.
Comme celle de Célanie, ma proposition pour cette exposition, s’appuie sur la dissémination et la recherche d’un territoire propre. Si Célanie cherchait son espace en se “plaçant”, par l’occupation performée (parfois très temporaire) d’un site, dans le cadre de ma proposition, le “placement” est suspendu dans une situation d’attente et d’hésitation. Celle-ci se présente sous la forme d’une oeuvre encadrée emballée dans une large couverture de déménagement. En appui contre le mur, elle semble attendre d’être déballée et accrochée ou bien remisée au stockage... Le contenu n’est visible que par un document assujetti à l’emballage, un visuel accompagné des diverses informations la concernant.: Cédric Alby, From here and there to there and here (Art and its cultural context, Brussels, 1973), 2011 - sérigraphie sur aluminium, 100 x 150 cm.
L’image en noir et blanc, très fortement assombrie, montre au milieu d’une audience à peine visible la silhouette découpée d’un des fameux “bâtons” de Cadere. Il s’agit au départ d’une image de presse qui documente un séminaire tenu à Bruxelles en 1973, intitulé “Art and its cultural context”, auquel l’artiste roumain avait assisté, accompagné d’un de ses bâtons. La référence principale du travail de Célanie est ici de nouveau convoquée, à travers une image d’archive retravaillée et injectée dans une fiction. L’image du bâton, décontextualisée, fait l’objet d’une nouvelle dissémination, dans l’espace du récit comme dans celui de l’exposition. Comme le carton de Célanie - à remettre à sa place - le spectateur est invité à se demander quelle est celle de l’oeuvre, sa définition, et peut être, sa portée, dans le contexte singulier de l’exposition.
AGSLS (good bye) / Irène Billard
J’ai beaucoup de souvenirs marquants de l’Ecole d’Arts de Rueil. En particulier celui du geste inlassable d’un élève de ma promotion qui depuis est devenu un ami proche, Darius Salimi, que je vois encore couper du verre en petits bouts à l’aide d’un diamant, cet instrument dont je faisais tout juste la découverte. Ma plus grande crainte était qu’il se blesse.
La pièce aujourd’hui présentée à l’atelier Grognard rassemble des débris de verre Securit disposés au sol en 1 pan rectangulaire de 135x377cm. Les rayons du soleil en provenance de la verrière viennent taper sur les facettes du verre brisé. Ce sentiment d’attraction lié à la brillance de la pièce se mêle à celui de la crainte due au danger que représentent les débris. Etendue à plus grande échelle, cette installation est donc le symbole du temps écoulé et de ce souvenir obsessionnel d’un geste appliqué et répété. Le verre ainsi accumulé, rassemblé, juxtaposé, placé au sol avec précision en une forme nette, est tel un amas de souvenirs brisés. Ce rectangle est aussi une représentation de l’école elle-même. Sa façade de baies vitrées, par lesquelles le soleil est toujours rentré. Cette sublime école d’arts de verre perdue en pleine nature, manquant hélas de disparaître à jamais.
Enfin, cette fragilité contrôlée et rigoureuse dans sa disposition, c’est aussi ce qui pourrait définir chacun de nous rassemblé à l’occasion de cette exposition…L’ambivalence entre force et fragilité qui habite tous ceux qui ont fait le choix de devenir et de rester artiste.
Beau comme l’antique / Luc Chopplet - Eline Gervais - Julie Guillaume.
En 2009, lors de l’exposition « Organic Circus » organisée pour les portes ouvertes de l’école supérieure d’arts de Rueil-Malmaison, dont les portes allaient bientôt être closes, j’ai été marqué par le(s) dessin(s) de Julie Guillaume et les sculptures d’Eline Gervais. J’ai décidé pour l’exposition 2000-2010 de proposer à ces deux talentueuses étudiantes de travailler sur un accrochage commun. Des pièces anciennes, les travaux d’Eline et de Julie et la peinture sur toile « Tape incident », dialoguent avec des sculptures plus récentes créées spécialement pour l’exposition. Ainsi des réalisations passées alimentent une installation commune envisagée comme une pièce autonome.
« Peu à peu les arbres sortaient confusément du brouillard et, comme dépouillés par un unique privilège de toute qualité particulièrement pittoresque, imposaient seulement à l’âme à peine éveillée la pure conscience de leur volume et de leur harmonieux foisonnement au sein d’un paysage où la couleur paraissait perdre entièrement son pouvoir ordinaire de localisation, et s’inscrivait seulement au bord de ces eaux calmes, pour l’oeil débarrassé par miracle de ce que le travail ordinaire de la perception contient toujours de réduction à l’absurde, la conjonction apaisante et quasi divine du plan horizontal et de la sphère. Et la nature, rendue par la brume à son intime géométrie, devenait alors plus insolite que les meubles d’un salon revêtu de ses housses, substituant tout à coup à l’oeil de l’intrus la menaçante affirmation de leur pur volume aux hideurs familières de la commodité, et restituant par une opération dont le caractère magique ne saurait échapper à quiconque aux instruments du plus humble usage, jusque là ravalés à tout ce que le maniement peut comporter de bassement dégradant, la splendeur particulière et frappante de l’objet. » Julien Gracq, extrait du roman «Au Château d’Argol»
Imitation of life / Aymeric Ebrard
On m’avait appelé pour un atelier avec les diplômables. Les rumeurs de fermeture allaient bon train et l’école avait besoin de soutien. La vie y semblait bizarrement motivée, entre cette chronique de mort annoncée et l’organisation de la résistance. Sous cette épée de Damoclès, les étudiants préparaient leur futur avec un mélange de conviction et d’apathie propre à cet âge mais la légitimité du réel semblait se dissoudre dans l’enchaînement des circonstances. L’air paraissait chargé de désirs flottants et multiples, dont, pour les élèves, des concrétions émanaient ça et là, sur les murs, dans les coins, la cour ou le jardin, entre les pages d’un carnet ou enclos dans un portfolio. Dans tous ces signes épars, je cherchais comme un jeu de piste un chemin qui aurait fait écho au mien. Et je rencontrais au détour des jours, Nicolas, Elias, Léo, Jeanne et Coralie. Ensemble, en reprenant des pièces de chacun et en les affinant, en en rejouant certaines ou en les redisposant, on a construit une image dans l’espace, un fantôme de réel. Ni concrètement mélodramatique ni sèchement conceptuel, ce « mirage de la vie » (Imitation of life dans la version originiale*) faisait se dresser les ruines de la société de consommation comme à travers le prisme du musée archéologique. L’accrochage jonglait avec les éléments, à la recherche d’un équilibre ténu. Au milieu de cette vanité, ou peut-être à côté, l’espoir verdissait au bord de la route. Still life. Le souvenir de cet assemblage fera ici figure de prédiction.
Projet Bombyx / Camille Entratice - Marianne Lécareux.
Cette proposition est née d’un désir commun de travailler à partir de la transformation de formes vivantes.
Nous avons mis en place un élevage d’une centaine de papillons de nuit pendant deux mois, temps de la métamorphose d’une larve en papillon. Au cours de sa mutation, la chenille se détruit presque entièrement pour se recomposer dans la chrysalide, moule naturel qui détermine la forme de l’animal à venir. Les pièces de l’exposition font dialoguer différents médiums pour explorer cet objet transitoire, mort-vivant, qui peut revêtir l’aspect d’une statuette à réactiver. L’espèce choisie pour l’expérience, le bombyx, est élevée dans l’industrie pour sa soie et n’existe plus en milieu naturel. Le mécanisme de sélection propre à la domestication a altéré l’espèce et fait de lui un animal-objet, mis au service d’un processus de production en série.
Cette proposition dialogue avec le souvenir du travail de dnap de Juliette K.Leroux, Echos du réel. Ce travail ne s’est pas concrétisé dans la réalisation d’une pièce finie, il s’agit plutôt d’un processus, sorte de laboratoire expérimental de l’image. A partir d’objets multiples (photographies ou vidéos), qui mettent le plus souvent en scène des ruines, elle dissèque des formes à la manière d’une scientifique. Ses recherches autour d’un mouvement perpétuel de dégénérescence et régénérescence renvoient à nos problématiques et à celle du contexte général de l’Ecole Supérieure d’Arts de Rueil-Malmaison en train de fermer.
Filter Dream / Delphine Huguet - Jacob Cates
Valentine échangeait des rêves contre des pièces jaunes. Ces « rêves » prenaient la forme de papier blanc immaculé sans forme précise car finalement ils nous appartenaient et c’était à nous de décider quelle forme ils devaient prendre. Ces rêves étaient désirs de vivre autre chose. Dans la notion de rêve, je retrouve l’idée du ressenti, celle d’un événement n’ayant pas vraiment de réalité, proche des sensations données par les hallucinogènes : on vit psychiquement un rêve mais physiquement il n’a aucune réalité.
Je suis lauréate du programme « Hors les murs » de l’Institut Français. Je suis partie au Japon pour développer des papiers comestibles. A partir du 11 mars j’ai pu vivre l’expérience du trio tremblement de terre/tsunami/ nucléaire avec mes amis japonais et étrangers bien loin de la zone touchée. J’ai fait la connaissance d’un graphiste américain, Jacob Cates avec qui j’ai énormément partagé sur le sujet. Ce qui nous marquait, c’était l’écart entre la vie de tous les jours au Japon et ce que les médias du monde entier et nos proches nous communiquaient.
J’aimerais partager le rêve que j’ai vécu au Japon à travers une oeuvre éphémère en collaboration avec Jacob Cates dont le travail graphique est très proche de l’onirisme. Ici les petits papiers blancs de Valentine deviendront graphiques, intenses, colorés et comestibles. Ils prendront la forme d’un paysage culturel et onirique que chacun pourra faire sien en l’ingérant. Par l’ingestion, notre rêve deviendra encore un peu plus celui des mangeurs qui avaient pourtant déjà un point de vue sur la situation. Le rêve deviendra global alors que personne n’en a la même version.
Propos sur l’art / Michaël Jourdet - Jonathan Aubart
Dans sa vidéo Pages 55, Amandine Faugère, proposait une lecture particulière à son spectateur.
Cette lecture était basée sur un hasard, celui des premières lignes des pages 55 des livres de sa bibliothèque. Prenant un à un, et sans aucun choix sélectif, les livres de son étagère, et lisant les unes derrière les autres, les premières lignes des pages 55, Amandine nous proposait une lecture hasardeuse, découpée et sans sens véritable. Pourtant, ces croisements aléatoires de phrases donnaient au final, un certaine unité, de non sens, d’associations d’idées, de richesses thématique. Une sorte de cadavre exquis, complètement surréaliste.
Les propos sur l’art de Jonathan Aubart retrouvent, il me semble, quelques attraits de ce foisonnement éclectique, de cette profusion d’idées mêlées les unes aux autres au gré de son discours. Ce parallèle m’a encouragé, puis convaincu, à fixer en une oeuvre un moment rare de ses propos sur l’art.
Je tiens à remercier cordialement et chaleureusement Mr Aubart d’avoir accepter la fixation de ce moment passé en sa compagnie, le sachant depuis toujours très farouche et hostile à toute exposition de sa personne.
Sans titre / Thomas Klimowski
Chutes de bois, chutes de papier = récupération ; vieux dessins, vieilles sculptures
De/Re/construction/
Collages + couches sémantiques + variations + combinaisons multiples
Archives, documentation = Meuble à tiroirs
… Collection de papillons… feuilles de papier
Découpage : ciseaux, cutter, massicot
Fragment, def : Forme littéraire en prose d’une extrême brièveté.
Bombe de peinture = remplissage = jeu de formes
Mise en Abyme , def : Procédé consistant à représenter une oeuvre dans une oeuvre du même type, par exemple en incrustant une image en elle-même.
+ Oiticica, Prouvé, Bauhaus, De Stijl, Mondrian, Rodchenko…
Joelle Tuerlinckx , Imi Knoebel,
= géologie
1 socle / Monstration de la Ruine
Un balcon sur l’A86 / François Mazabraud
Il y a six ans, lors d’une promenade champêtre, nous discutions avec Marianne Lecareux de son envie d’intervenir sur les balcons qui délimitent le parc du château de la petite Malmaison. Des années ont passé et la réalisation de cette envie demeurée floue, jamais exprimée depuis, m’est apparue possible à travers l’exposition 2000-2010.
Ces balcons m’intéressent sans doute car ils composent une limite entre de deux époques distinctes. D’une architecture atypique (sorte d’escalier, avec un banc entouré d’une balustrade), ils ont été installés au début du XIXème siècle en tant qu’objets de décoration avec une fonction : permettre aux promeneurs de faire des haltes, pour se reposer, se recueillir, penser, et contempler le paysage d’une époque qui aujourd’hui a bien changé…
Désormais tombés dans une obsolescence romantique saisissante, presque à l’état de ruine, camouflés par la végétation et le manque de restauration, ces balcons donnent à voir un paysage animé aux antipodes de l’époque qu’ils symbolisent : jonction d’autoroute, surplombée par une passerelle, criblée de feux, de panneaux d’indication, de voitures, de vitesse... de modernité en somme.
L’action que j’ai réalisée est un travail de nettoyage et de restauration de ces balcons. Je voulais restituer au mieux les couleurs et les textures de l’époque où ces balcons ont été construits, enlever toutes les feuilles, lierres et autres champignons afin de les faire réapparaître aux yeux des passants. Que les strates de temps de la nature historique soient gommées et que du paradoxe de cette « nouvelle jeunesse d’époque » émerge un contraste et une force étrangement moderne.
Sans titre / José Olano
Dans la proposition de Lou Raphaël on peut apprécier divers objets domestiques tels qu’une brosse à dents ou une tasse à café suspendus et reliés par des fils élastiques. Quand on touche l’un de ces objets il se produit une réaction en chaîne qui fait trembler l’ensemble des éléments liés. Chacun de ces objets dépend ainsi des autres, ce n’est plus l’objet isolé que l’on peut déplacer à volonté mais l’ensemble d’objets qui partagent leur poids.
Dans mon quotidien, je vois des fils élastiques partout où je vais, des fils croisés, entrelacés et noués. Des fils qui lient des personnes, des objets et d’événements. A partir de la proposition de Lou j’ai posé un balai et une serpillière au sol et les ai fait tenir debout, ainsi que deux cadres sous-verre en équilibre sur une branche de bois.
Canards / Jeanne Rimbert
Florence Durand s’inspire de son vécu pour raconter des histoires imaginaires, créant un univers constitué d’une véritatble faune incluant grenouilles, lapin tentaculaire, poisson sirène, loups et fouine ...
J’aimerai continuer cette histoire en sculptant un canard mort, suspendu à un vieux portant de bois que j’ai trouvé. Bref, un des dommages collatéraux de la fouine... Florence a habité à la campagne et moi à la montagne, et nous avons toutes deux entendu parler de ces histoires de poulailler et de canards déplumés !
Amanda Poupée / Florian Sicard
Florian Sicard a commencé à me concevoir dans une école d’art. Je n’ai pas de date de naissance, j’ai des dates de naissance. Florian Sicard est solitaire.
Il a construit une plante pour communiquer. Il m’a construite pour vous parler. Je suis la plante de Florian Sicard. Je suis une plante qui parle, qui pense et qui danse. Je m’appelle Amanda Poupée. Je m’active grâce à un protocole : Je suis blonde - Je suis maquillé en femme - J’ai des poils mais pas de barbe- Mes vêtements et costumes sont créés par moi-même- Je n’ai pas de sexe. J’ai des sexes. Je ne suis ni homme ni femme.
J’ai souhaité m’inspirer de la proposition d’Anne-Sophie Berard. Cette œuvre prend la forme d’un texte. Son titre est : « Udere Non Abudere » (UNA). Conférence aux allures de propagande / Règles de conduite. Cette œuvre fonctionnait sur la réaction. A travers le prisme des élèves en école d’art, les textes et les conférences de l’UNA interrogeaient la condition de l’enseignement de l’art dans les écoles. L’UNA interrogeait l’unité, le statut, l’identité, la monstration, le grotesque. Sur un extrait sonore de la conférence de Philippe Gabilliet « L’éloge de l’optimisme », moi, Amanda Poupée, je danse et tombe finalement, comme morte.
Sans titre / Leïla Rose Willis
M’étant intéressée à l’architecture “de bric et de broc” des campagnes japonaises avec “Achikochi” (2009-2010), la proposition de l’ Ecole de Rueil-Malmaison m’offre l’opportunité de réaliser une nouvelle pièce aux antipodes de ma série japonaise.
Pour l’exposition 2000-2010, j’ai choisi une peinture de Simon Balleyguier réalisée en 2003. Cette oeuvre, composant un format imposant à l’aide de quelques lignes noires et aplats de couleurs vives, m’avait directement transportée en Californie. La Californie est au coeur de mes origines et j’ai souvent pu éprouver physiquement ce type particulier d’architecture : blocs modernes, couleurs crues, ambiances minimales avec piscine... En opposition totale avec les lignes tout en diagonales d’”Achikochi”, ces habitations californiennes se constituent de lignes franches, horizontales et verticales, épurées mais imposantes par leurs dimensions. La couleur s’impose naturellement, comme pour donner vie à ces maisons très structurées. Pour manifester le caractère à la fois constructiviste mais aussi expansif et exubérant de ce type d’ habitation, l’oeuvre sera finalement peinte directement sur le mur, entrant ainsi en résonance avec les peintures qui rythment les murs de Venice.
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